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Massif Central – 7/2011

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Vendredi 15 juillet 2011

Murols (12) - Saint-Flour (15)


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On a entendu le chevreuil cette nuit. Le soleil se lève derrière les montagnes et la journée s'annonce belle. Pour déjeuner, on s'écarte un peu du petit bosquet qui nous a abrité pour la nuit afin de profiter de la chaleur naissante. Nous nous sommes vite adaptés au confort de la table formée par le couvercle de la remorque et aux pliants qui nous permettent de prendre nos repas sans être sur le sol.

 


image d'un voyageUne fois quitté notre campement, nous avons droit à une jolie côte pour atteindre Lacroix-Barrez. Ensuite, c'est le plateau. Le ciel est bleu et la température monte assez vite. Après quelques kilomètres sur la D904, toute droite et où les voitures roulent vite, nous prenons à droite pour descendre dans la vallée de la Bromme. Nous faisons une petite pause à Brommat, puis nous remontons la vallée du Siniq, un affluent de la Bromme. La route monte, mais pas trop fort, et elle est bien ombragée. De l'autre côté de la vallée, en face du village de Cussagol, le château de Castel-Noël, perché sur le promontoire formé par le confluent du Siniq avec le ruisseau de Messel, domine le paysage. Nous l'avons aperçu de loin, bien avant de passer en face. C'est une bâtisse impressionnante flanquée d'une grande tour et percée de petites fenêtres.

La route monte depuis un moment. Le point le plus haut est à 950 m, juste avant Thérondels. Nous y faisons une pause. Il y a là une très ancienne croix dont les inscriptions sont érodées par le temps. Nous arrivons au village juste à temps pour faire les courses. En repartant, nous y découvrons une bascule publique avec un système antique de pesée style balance Roberval. On tente de peser mon chargement, mais la plate-forme, prévue pour un seul essieu, est trop petite pour que j'y puisse mettre le tricycle et la remorque. Finalement, on renonce et nous reprenons notre route.

 


image d'un voyageAprès Thérondels, nous passons une superbe descente dans la forêt. En bas, une petite rivière au joli nom d'Hirondelle mérite un arrêt photo. Dans la côte qui suit, nous assistons à un spectacle exceptionnel. Un couple de Milans Royaux nous gratifie de grandes arabesques dans un ciel d'un bleu profond et sans nuages. Nous prenons le temps de faire quantité de photos, espérant en avoir quelques unes de bonne qualité et assez zoomées. Le manège dure assez longtemps car ils vont globalement dans la même direction que nous. On ne se lasse pas d'un tel spectacle. La route suit la très belle vallée du Brezons jusqu'à Saint-Martin-sous-Vigouroux, où elle traverse la rivière. Le village aux toits gris est blotti sous une coulée de lave très caractéristique.

Après avoir bien monté, nous faisons une petite pause à l'ombre. Marie-Claire en profite pour se masser les jambes avec une huile de sa composition qui embaume l'atmosphère. Quand nous avons récupéré, nous repartons pour terminer cette côte et redescendre sur Pierrefort, une petite ville perchée sur un rocher volcanique. Soudain, je vois Marie-Claire monter sur le trottoir et s'arrêter. Elle me fait : « J'ai oublié mon flacon d'huile de massage à la dernière pause ! ». Je calcule que nous avons fait environ 4 km depuis, essentiellement en descente. Je laisse la remorque et les sacoches sur le trottoir près du tricycle de Marie-Claire et je repars en arrière pour retrouver le flacon. Délesté de mon chargement, j'ai l'impression de piloter un bolide. J'avale les côtes à plus de 16 km/h. Il faut dire que l'entraînement depuis cinq jours est efficace. En un rien de temps, je suis revenu après avoir retrouvé le flacon dans l'herbe. Marie-Claire est soulagée et je suis content de m'être défoulé un peu. Finalement, cet intermède satisfait tout le monde.

Après Pierrefort, nous montons encore. Nous allons passer à plus de 1000 m. Le paysage est moins boisé. Loin au Nord, on distingue le Plomb du Cantal et les Monts du Cantal en arrière-plan. Après être passés entre le Puy d'Assac à gauche (1104 m) et le Puy de Gourdièges à droite (1137 m) nous passons notre premier grand col, le col du Puy de Renel, à 1075 m. La température a bien baissé, même si le soleil est toujours là.

Après Rouire, nous profitons d'une belle descente jusqu'au ruisseau de l'Épie, puis c'est de nouveau une côte. On commence à s'y faire. On monte très lentement, mais on profite davantage du paysage. Juste en dessous de Tagenac, on fait une pause. Ici, la falaise a été creusée pour faire passer la route. Il y a, au-dessus, des roches caractéristiques en forme de barres verticales à section carrée. Voilà qui fait le bonheur de Marie-Claire, professeur de sciences et vie de la terre, qui prend des photos détaillées pour montrer à ses élèves.

 


image d'un voyageÀ force de monter, on se retrouve de nouveau sur un plateau à plus de 1000 m d'altitude. Il y a peu d'arbres et les foins ont été coupés dans les prairies. Dans un champ, des cigognes sont posées. C'est un peu loin de la route, mais on fait des photos quand même. Juste à côté, une pancarte indique « menhir de la Pierre Plantade ». C'est un petit rocher pointu, de 1 m environ, planté dans le sol. La carte nous montre qu'il y a aussi des dolmens aux alentours.

Nous décidons de dîner avant de trouver un coin pour planter la tente, puis nous reprenons la route de Saint-Flour. Au bout du plateau, nous prenons à gauche la D921 qui est un peu plus fréquentée à l'approche de la ville. Cette route ne fait que monter et descendre avec des pentes de 8 %. Avec la circulation, ce n'est pas agréable. Nous nous arrêtons lorsque la route domine la ville. Là, nous décidons de prendre un petit chemin à droite afin de chercher un coin pour la nuit, éloigné des bruits de la circulation et de la ville. Finalement, après beaucoup de tergiversations, nous établissons notre campement au lieu-dit La Pierre Plantée, dans un champ tournant le dos à Saint-Flour et qui domine la vallée du ruisseau de Couchery. Nous avons droit à un magnifique lever de la pleine lune avant d'aller au lit.

Nous avons parcouru 77 km aujourd'hui ce qui est pas mal avec notre chargement et compte tenu d'un dénivelé positif de près de 1100 m.

 

Samedi 16 juillet 2011

Saint-Flour (15) - Jax (43)


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Ce matin, le soleil a pris la place qu'occupait la lune hier soir. L'air est frais et il faudra un peu de temps pour que ça chauffe. Après avoir déjeuné et plié, nous reprenons le chemin qui nous a mené là et nous descendons sur la ville de Saint-Flour. La traversée est assez facile et nous en sommes vite sortis. C'est seulement à 10 km après la ville que nous nous souvenons qu'il faut faire le plein d'eau car nous n'avons quasiment plus rien. On s'arrête à la première ferme rencontrée. Hélas, la maison n'est pas habitée et un chien garde la grange. Il n'y a personne. Impossible de trouver de l'eau ici. Pour nous consoler, un couple de Milans Royaux vient parader dans le ciel. Faute d'eau, nous ramènerons des photos.

 


image d'un voyageÀ partir de là, nous quittons le val de l'Ander, la rivière qui arrose Saint-Flour, et ça monte bien. D'en haut, on a une belle vue sur la vallée et les environs. Une fois sur le plateau, on est entre 1000 et 1100 mètres. Une borne, en bord de route indique 1099,49 m. Le ciel est nuageux mais ne menace pas. Le vent est plutôt frais. Au village de Sistrières, une grand-mère prend le soleil devant sa porte, à l'abri du vent. Elle remplit nos gourdes en nous signalant que c'est de l'eau de source qui alimente le village. Marie-Claire la prend en photo à mes côtés. Elle semble enchantée d'avoir rencontré du monde. C'est vrai qu'il ne semble pas y avoir d'autre personne qu'elle dans ce petit village où tout est fermé.

3 km plus loin, nous attaquons une belle descente qui va nous mener de plus de 1100 m à 480 m, sur les bords de l'Allier. Après Védrines-Saint-Loup, nous quittons la route principale pour prendre une petite route charmante et peu fréquentée. À partir de là, c'est un vrai tobbogan qui suit la Cronce sur plus de 15 km jusqu'à la vallée de l'Allier, un plaisir en tricycle couché. Nous nous arrêtons en route pour photographier les vaches. Marie-Claire les appelle et elles se tournent vers elle. On sent que quelque chose se passe entre elles. Je suis impressionné.

Juste avant Chastel, nous passons en Haute-Loire. Le ciel se dégage doucement et fait davantage place au soleil. Sur cette jolie petite route en descente et où nous sommes seuls dans la forêt, nous donnons libre cours à nos envies de vitesse au détriment de la contemplation du paysage qui est cependant très joli. Je laisse Marie-Claire rouler devant et je fais des photos en pilotant d'une seule main. Ce n'est pas difficile, il suffit simplement d'anticiper les freinages sans se laisser distancer, car je n'utilise qu'un seul frein. Marie-Claire, avec un tricycle plus large que le mien, peut prendre les virages plus vite que moi. Cette vallée très boisée est sauvage. On n'y voit personne, sauf qu'à un moment, j'ai eu juste le temps d'attraper les deux freins après avoir pris en photo le tracteur chargé de foin qui venait en sens inverse. Il occupait une grande partie de la route et Marie-Claire, impressionnée, avait bien ralenti. Le tracteur passé, nous reprenons notre course effrénée vers le bas.

Peu après le carrefour de la route de Cronce, la pente s'inverse et nous devons remonter. La vitesse en prend un coup et c'est tant mieux car le paysage est magnifique. Nous sommes sortis de la forêt et rien ne nous cache la sauvage beauté de cette très belle vallée. Nous nous arrêtons tous les 100 m pour faire des photos. A cette allure, nous ne souffrons pas de la pente qui est supérieure à 5 %. Le ciel est maintenant bien dégagé et nous profitons des arrêts pour boire un peu. La route surplombe les villages et les moulins nichés en bas de la vallée, au bord de la Cronce. C'est un paysage magique qui justifie largement toutes les côtes où nous avons souffert avant d'arriver là.

Il est déjà 13h30 lorsque nous trouvons un coin d'herbe pour notre pause méridienne. Le soleil tape et l'ombre est la bienvenue. Nous repartons près d'une heure et demi plus tard pour continuer notre ascension à flanc de colline. Le ciel commence à se couvrir et il fait déjà un peu moins chaud. Nous atteignons peu après le carrefour de la Croix de Cronce où reprend la descente vers la vallée de l'Allier. Nous filons à grande vitesse sur cette route qui serpente sous les arbres. C'est un jeu où l'on ne sent plus la charge de notre équipement.

 


image d'un voyageFinalement, à l'issue de cette course folle, nous arrivons à Saint-Cirgues, juste avant Lavoûte-Chilhac. Nous passons le pont sur l'Avesne pour avoir un aperçu du village. Le clocher en ogive de l'église de Saint-Cirgues est assez inattendu. Lavoûte-Chilhac est juste à côté. Nous nous arrêtons le temps d'une photo à l'entrée de la ville, devant l'ancienne abbaye bénédictine au pied de laquelle coule l'Allier. Puis nous faisons demi-tour car ce n'est pas notre route. Nous repassons le pont sur l'Avesne puis nous reprenons la route de Langeac.

Nous suivons la vallée de l'Allier sur 6 km, puis, traversant la rivière, nous prenons à gauche au Chambon. Là, des touristes s'intéressent à nos montures et nous posent les questions habituelles. Nous reprenons la route peu après pour attaquer une côte à 14 %. Même si la température a bien baissé par rapport à l'après-midi, nous avons vite chaud. Heureusement, la forte pente n'est pas trop longue et on peut récupérer. Nous roulons ensuite sur un plateau. Après Saint-Georges d'Aurac nous faisons une petite pause. Le ciel est de plus en plus gris et il fait lourd.

Le village suivant est le village natal de Lafayette, Chavaniac-Lafayette. Il a l'air assez touristique avec un beau château, mais comme il est assez tard, nous ne verrons pas grand monde. A partir de là, nous entamons une longue montée. Et ça commence très fort avec une pente de 21 %, mesurée par mon inclinomètre à bulle. Heureusement, c'est juste dans le village. Nous sommes à 21 km d'Allègre et nous avons déjà un jour de retard par rapport au début annoncé du regroupement de vélos couchés. Ce n'est pas très important, le but étant seulement d'apprécier l'aventure et les paysages.

 


image d'un voyageIl est plus de 19h30 lorsque nous arrivons à Jax. Dans une prairie, au milieu du village, un lama cohabite avec un mouton et une chèvre. Nous ne sommes pas tout à fait en haut, mais la vue sur la vallée est assez jolie. Le village est beau lui aussi avec des maisons en pierres sombres volcaniques. Avant de continuer, nous décidons de faire le plein d'eau au cimetière situé au bord de la route en-dessous de nous. Nous traversons un champ à pied et nous cherchons en vain un robinet. Une femme qui se trouvait là nous indique qu'il y a un lavoir avec une source un peu plus haut. Sa toiture vient d'être restaurée, mais le bassin, rempli d'herbes et d'algues, mériterait un nettoyage. Par contre, la source coule par un tuyau avec un bon débit. L'eau est excellente.

L'orage gronde au loin. Sachant qu'il nous reste encore plus de 17 km avant d'arriver à Allègre, vu le peu d'intérêt d'y arriver ce soir et le risque de rouler sous la pluie, nous décidons de planter la tente au pied du mur du cimetière, situé un peu à l'écart du village. L'herbe est tondue et l'endroit est très calme. Nous allons faire un petit tour au village où le seul commerce semble fermé. Nous dînons au campement et la soirée se termine sans pluie.

Nous avons parcouru 68 km aujourd'hui avec un dénivelé positif de plus de 1100 m.

 

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